Décès du Père Marc SEVIN, à Nazareth, le mercredi 3 décembre 2025,

Marc SEVIN (1941-2025)
« Il est nécessaire que l’accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux disciples du Christ » (constitution Dei Verbum, 1965). Cette conviction pastorale du Concile Vatican II a animé Marc Sevin toute sa vie.
Né en 1941 à Neuville-aux-Bois (Loiret) où son père était bourrelier, il est ordonné prêtre en 1966 pour le diocèse d’Orléans. Rapidement, il est envoyé à l’Institut biblique pontifical de Rome. Revenu à Orléans, on lui confie l’enseignement religieux et la formation chrétienne. Puis il rejoint l’équipe nationale du tout neuf « Service biblique catholique Évangile et Vie » (SBEV) fondé par Étienne Charpentier en 1972. Il en devient le directeur en 1982 à la mort de celui-ci. C’est le temps d’une efflorescence de groupes bibliques un peu partout en France auxquels le SBEV propose la revue Cahiers Évangile mais aussi Les Dossiers de la Bible, le Bulletin d’Information Biblique (œcuménique) et diverses fiches de travail. Ce souci pastoral amène Marc Sevin à devenir en 1986 un des responsables de la Fédération biblique catholique mondiale à Stuttgart. C’est ainsi que lors d’un voyage au Rwanda, il est marqué par ce qu’il appelle la « méthode de Kigali » pour une lecture simple et croyante de la Bible. Remodelée, il la propose aux chrétiens parfois désarçonnés par des analyses savantes. Elle deviendra la « lecture sainte » – adaptation pour tous de la Lectio Divina monastique. Il la partagera en particulier à partir de années 90 dans les revues Fêtes et Saisons (éd. du Cerf) et Prions en Église (éd. Bayard). Dans le même temps, il organise des cours bibliques par correspondance sous le titre « Cours du Passage » pour lesquels il fait travailler des biblistes.
Ce sont ces biblistes et d’autres, collaborateurs du SBEV ou membre de l’ACFEB (Association catholique pour l’étude la Bible), qu’il va appeler, dans les années 90, pour l’aventure de La Bible, nouvelle traduction (appelée aussi Bible des écrivains). Frédéric Boyer, l’autre cheville ouvrière, dit qu’« il a mis son savoir et sa passion au service de la vulgarisation des textes saints. Il y a vu une occasion d’inculturer la Parole de Dieu dans la littérature contemporaine, dont il n’était pas familier ». Avec le poète Olivier Cadiot, il a forgé une étonnante version des Psaumes. La réception de cette Bible en 2001 sera mitigée dans l’Église et le laissera amer.
Le mot parfois dénaturé de « vulgarisation », il l’a pris au sens noble de partage au plus grand nombre. Homme de l’écrit plus que de la parole, ses publications (petits livres, articles) se voulaient d’initiation. L’une des dernières est « Mots de passe pour les évangiles » (Cahiers Évangile n° 169, 2014). Revenu à Orléans à sa retraite en 2015, il anime des rencontres bibliques avec un pasteur évangélique au Centre œcuménique. Il est décédé le 3 décembre 2025.
Selon Philippe Gruson qui lui a succédé comme directeur du SBEV, « ce qui l’intéressait, ce sont les groupes bibliques, la formation des laïcs, la catéchèse ». Frédéric Boyer ajoute : « Pour lui, on ne peut pas enfermer le texte biblique dans une seule lecture qu’elle soit spirituelle, littéraliste, liturgique. Il faisait entendre le texte biblique dans toute sa polyphonie à un public qui n’était pas constitué d’initiés. »
P.Gérard Billon, ancien directeur du Service biblique Évangile et Vie et des Cahiers Évangile.

