Vers un paradis urbain (2024)
Collection : La Bible et le rouleau
En parcourant la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse, le lecteur se rend compte que la ville, avant d’avoir besoin d’être située dans l’histoire, cherche à se raconter. Son édification, sa chute, sa reconstruction ainsi que l’envie, les replis, les peurs, les combats qu’elle génère, mais aussi l’hospitalité et le refuge qu’elle offre, les passages et les rencontres interculturelles qu’elle permet, tout cela demande une mise en mots. Ainsi se déploie un imaginaire contrasté qui défie toute catégorie enfermante. Le lecteur lui-même prend ainsi conscience de sa propre sédentarité, de la présence de l’autre dans un espace restreint, de son besoin de se rassembler et de vivre en société. C’est l’ensemble de ces dispositions qui, avec le bâti, constitue la ville et la détermine. C’est ce que l’espace urbain de la Bible raconte.
Dès la première page de la Bible, l’espace demande d’être agencé afin de se mettre au service de la vie qui se déploie par les relations, dans la recherche d’unité qui ne se confond pas avec l’uniformité. Et c’est la parole échangée qui joue un rôle crucial dans cette élaboration, c’est elle qui rend conscient des jeux de pouvoir, des rapports de force, des stratégies humaines mais aussi de la quête de justice, de prospérité et des exigences éthiques. On le constate avec Babel, Sodome, Jéricho. D’autres villes présentent une autre logique, plus rassurante, tels Hébron et Bethléem. Quant à Jérusalem, la ville dite sainte, elle incarne la centralité et une certaine illusion, témoignant du fait que la reconnaissance de la diversité et la place accordée à l’étranger reste un processus complexe.
Bien souvent, la ville est la figurante ou la spectatrice de l’arbitraire des hommes alors que des femmes urbaines réagissent à un contexte périlleux en étant signes de transgression et en suscitant un changement de point de vue. Plus que jamais, le destin de la ville est lié à celui de ses habitants, que ce soit par le malheur ou le bien-être. C’est le rapport à l’autre que la ville problématise, entre ajustement et désajustement. Progressivement, la stratégie par exclusion laisse place à la stratégie par inclusion tandis que le sacré et le profane ne se différencient plus, le lien devenant plus important que le lieu.